Et le démon se cacha parmi les hommes.
Acte IEt si tout commençait par la mort. La lente, indiscutable, merveilleuse mort. La mort de son père, son très cher et très détesté père. L'histoire d'Avalon est celle de beaucoup trop d'enfants, sauf qu'ils n'ont pas tous son don pour manipuler et créer des poisons. Mais c'est l'histoire classique, un père qui aurait voulu un fils aîné digne de ce nom, capable de redonner sa splendeur à cette noble famille de maîtres. Mais non il avait eu trois enfants, et seul sa fille aînée se trouvait doter de la magie. Il avait toujours fait ressentir sa déception à Avalon, il l'avait encore plus méprisé quand elle avait fini par maîtriser la magie mieux que lui. Il avait planté dans son cœur les graines de la colère et du mépris dès son plus jeune âge.
Non vraiment il n'y avait rien à dire de plus sur son enfance passer dans une famille fastueuse qui lui refusait tout, enfouie sous les livres de magie à subir sans arrêt les réprimandes de son père alors que ses frères jouissaient de la vie.
Revenons donc à la mort de son père, son terrible père. Cette mort est lié à la maîtrise de son pouvoir et pour cela il faut revenir quelques années en arrière.
Acte IILa nuit était avancée mais rien n'était calme chez les Blackfield, le plus jeune garçon de la famille, Diogène, n'était toujours pas rentrer de l'école, son père et plusieurs voisins étaient partis à sa recherche. Il faisait froid en cette période, et Avalon dans son cœur le pensait déjà mort. Mais alors que tous désespérait le garde chasse ouvrit la porte d'entrée d'un coup de pied, Diogène blanc comme un linge dans ses bras. Sa petite tête dodelinait au rythme des pas de l'homme. Tout le monde s'agita autour du jeune garçon, Avalon regardait son frère avec curiosité. De la bave mousseuse coulait de sa bouche, des veinules violettes marbraient tout son cou.
« C'est surement une plante qui lui a fait ça, nous l'avons retrouver dans la forêt.
-Aller chercher un médecin ! S'écria sa mère. »Quelque chose dérangeait Avalon, comme si un léger fil tirait un peu son cerveau, une sorte de dérangement qu'elle n'arrivait pas à comprendre. Elle s'agenouilla près de Diogène, ses yeux vitreux ne semblaient pas la voir, il avait de plus en plus de mal à respirer. Ses mains la démangeaient au point de la brûler, de lui donner envie de s'arracher la peau. Elle posa les mains sur le torse de Diogène qui se souleva dans un soubresaut et d'un seul coup une galaxie s'ouvrit dans son esprit. Elle comprenait ce qu'il se passait, la réaction des molécules, l'assemblage délicat des substances actives. En fait elle comprenait le poison, elle voyait les baies noires qu'on lui avait déconseillé de manger.
« Belladone. »Tout le monde se tourna vers elle, sa mère cria quelque chose alors que son père entrait dans la maison à son tour. Mais Avalon n'entendait pas, elle faisait le vide, elle se coupait du reste. Parce qu'elle savait. Bon dieu elle avait la connaissance dans sa tête, tout ses nerfs savaient vers où mener la magie, comment faire en sorte que son don contre le poison. Elle avait l'antidote dans ses mains. On l’agrippa et elle perdit toute sa concentration.
« Lâche moi ! »Sa vocifération brutale eut le mérite de lui rendre sa maîtrise d'elle même, la colère lui permettait de canaliser et de renforcer son don. Profitant de cet instant elle envoya l'antidote dans le corps de son jeune frère, il eut un nouveau soubresaut, un petit cri lui échappa et il reprit presque aussitôt des couleurs. Avalon en paya cependant le prix, à peine eut – elle délivrer son frère du poison qu'elle perdit connaissance. Avant de sombrer un rictus marqua ses lèvres, elle avait un don au delà de toutes ses espérances.
Ce qu'elle ne sut qu'en revenant à elle c'est que son manque de maîtrise et sa colère avaient au final tuer son jeune frère. Elle avait en effet annuler les effets de la belladone mais l'antidote qu'elle avait penser créer n'avait été en fait qu'un autre poison pour son frère. La jeune fille ne s'est jamais remis de cette mort, elle a tué son propre frère par son incompétence. La seule personne à qui elle était réellement attachée était mort par sa faute. Plus jamais elle ne laisserait quelqu'un s'ancrer dans son cœur, parce que c'était évident qu'elle réussirait à lui faire du mal. Ou pire il réussirait à la blesser elle.
Acte IIIIl lui fallu longtemps et un très grand nombre de livres pour comprendre, appréhender correctement et maîtriser son don. Son père avait maintes et maintes fois tenté de lui extirper les secrets de son pouvoir mais jamais elle ne lui avait céder. Il était avide, jaloux et il était hors de question qu'elle partage sa connaissance avec lui. C'est à partir de ce moment là qu'il avait commencer à la battre, il avait toujours de bonnes raisons pour lui assener un coup de ceinture, un coup de livre dans la nuque. Et le fait qu'elle ait tuer son fils adoré n'avait rien arrangé à son dégoût envers elle.
Avalon était avide de connaissances, elle voulait tout savoir c'est ce qui la conduisit à faire des études pour devenir psychiatre et à se spécialiser dans les troubles psychotiques et plus précisément ceux conduisant à la violence. Parce qu'elle voulait se comprendre elle même, elle qui était toujours sur le point d'exploser, qui aimait à distiller un peu de poison a ceux qui le méritaient pour qu'ils se sentent mal en sa présence. Elle voulait comprendre pourquoi elle prenait tant de plaisir à tuer son père à petit feu.
Elle avait décider à sa majorité, quand elle comprit que son père ne lui laisserait jamais de répit qu'il la traquerait, qu'il la détruirait lentement mais surement tout au long de son existence, qu'elle mettrait rapidement un terme à son emprise sur elle. Alors elle c'était mis à étudier d'arrache pied, pour trouver le poison parfait, ni un trop violent qui pourrait l'accuser, ni un trop long à agir tout simplement parce qu'elle n'en pouvait plus. Elle étouffait, même majeur elle restait sous sa coupe, dépendante de lui, il lui fallait briser ses chaînes. Pourquoi ne pas s'enfuir tout simplement vous direz vous ? Parce que Avalon n'est pas de celle qui fui, elle est de celle qui affronte, qui combatte et qui terrasse.
Chlorure de potassium. Elle avait trouver le poison parfait, il lui demandait peu d'effort à créer puisque le potassium est naturellement présent dans le corps humain et il lui était facile d'en transférer petit à petit dans le corps de son père, chaque contact en fait. Indétectable mais avec des effets dévastateurs sur les muscles. Et si chacun connais un peu son anatomie il est facile de comprendre que le cœur en subira les dégâts rapidement.
Avalon eut le plaisir indicible d'être là le jour où son père passa l'arme à gauche. Ils étaient seuls dans la bibliothèque tout les deux quand son père porta soudain sa main à sa poitrine. Les yeux fous, incapable d’appeler à l'aide il s'effondra à genoux alors que son cœur ralentissait dangereusement. Il fit des grands signes à Avalon qui le regarda par dessus son livre. Lentement elle pris le temps de terminer sa page, de l'écorner pour ne pas la perdre. Le livre sur les genoux elle se pencha un peu en avant.
« Comment ? »La voix de son père n'était plus si grave qu'a l'ordinaire, ce n'était qu'un mince filet ténu saturé de gargouillis d'agonie. Le ventre d'Avalon se tordit de plaisir, elle eut un frisson alors qu'un rictus creusait une fossette sur sa joue. Son père tomba en arrière, sa cage thoracique se soulevait par intermittences, en saccades violentes. Avalon se leva, ses talons claquant sur le parquet, elle surplomba son père, s'accroupit et le regarda se rétracter.
« Potassium. Elle se lécha la lèvre. Tu n'a toujours été qu'un homme faible, pathétique qui frappait sa fille pour se dire qu'il avait au moins du pouvoir sur quelqu'un. Son père ouvrit la bouche mais elle le fit taire d'un claquement de langue. Tu meurt par ta propre faute, c'est toi qui m'as faite ainsi. »Il agonisa encore quelques secondes, pour le plus grand plaisir d'Avalon qui avait attendu et imaginé ce moment pendant beaucoup trop longtemps. Pendant un moment elle se demanda comment une enfant pouvait apprécier autant de voir mourir son géniteur, mais tout ça n'était du qu'a la façon dont il l'avait élevé, sans amour, la punissant tout les jours juste parce qu'elle était née. Quand enfin il laissa échapper son dernier souffle elle se releva et quitta la bibliothèque pour ne plus jamais revenir.
Acte IVObtenir l'héritage familial fut très aisé pour Avalon, elle manipula quelques notaires, menaça sa mère et une fois obtenu elle déserta l'Irlande pour ne plus jamais y mettre les pieds. Ayant fini ses études elle s’enrôla dans l'armée américaine, un des hauts dirigeants ayant eu vent de ses capacités elle eut le droit à une place de choix. Pendant quatre ans elle fut envoyée dans les pays sensibles pour mener des interrogatoires plus ou moins mortels et obtenir à n'importe quel prix des informations. Avalon était la meilleure dans son domaine, autant parce que son pouvoir lui était d'une aide précieuse, que parce qu'elle n'avait aucune pitié et prenait un malin plaisir à voir les prisonniers la supplier.
Les soldats la craignaient, la surnommant Black Mamba, à un tel point qu'elle finit par être démilitariser et mise de côté. On avait peur d'elle, même les grandes huiles qui l'avaient autrefois poussé à toutes les atrocités ne lui faisaient plus confiance. Et ils avaient bien raison, Avalon n'agissait toujours que dans son intérêt. C'est ainsi qu'elle finit par rejoindre l'Ecosse. C'est là bas qu'elle y rencontra l'amour de sa vie, Mathis Mathew, qui l'apaisa, lui appris à aimer. Ils se marièrent rapidement, mais le destin et la Mort rattrapèrent Avalon. Son mari mourrut peu de temps après leur mariage, d'une maladie qu'il portait en lui depuis l'enfance. La laissant seule, le cœur encore plus noir qu'avant, et le ventre occupé par l'enfant qui grandissait en elle.